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À la rencontre des “Âmes du peuple noir” de Romeo Mivekannin

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Le 19 septembre dernier, nous avons été conviés à l’exposition personnelle de l’artiste Romeo Mivekannin à la galerie Cecile Fakhoury sise à Cocody Cité des Arts. Les deux studios principaux de la galerie ont été réquisitionnés pour cette exposition de grande portée.

Dans le studio principal, on retrouve plusieurs toiles faites de peinture à l’acrylique noire. Nous sommes tout de suite subjugués par la mise en avant de l’esclavagisme, la domination d’une race humaine sur une autre. On reconnaît certains clichés qui ont fait le tour des réseaux sociaux. Romeo indique avoir puisé son inspiration dans des archives photographiques et des toiles emblématiques. On remarque nettement qu’il y a toujours le même visage sur toutes les personnes noires sur les toiles. Il s’agit de l’image de Roméo lui-même.

“Le fait de se mettre à la place des corps dominés, des corps noirs soumis dans cette toile, c’est une manière de me réapproprier l’histoire. Je pense vraiment qu’on ne peut pas projeter un futur si on n’a pas regardé son passé”.

Au nombre des explications données par Romeo pour nous faire comprendre sa démarche, nous sommes frappés par la référence au Vaudou. Lorsqu’on porte les masques des personnes qui sont décédées, l’idée c’est qu’on les libère des souffrances qu’elles ont vécu dans leur vie ou durant leur mort. C’est cette culture Vaudou que calque à sa façon Romeo pour libérer toutes ces personnes noires de l’esclavage et de la domination.

Dans le second showroom de la galerie sont exposées des toiles avec des figures noires illustres. On reconnaît certains sur le coup.

Romeo s’est inspiré d’une oeuvre de W.E.B Du Bois, éminent homme de lettres afro-américain né en 1868, le premier noir à avoir obtenu le Doctorat à Havard; grand militant des droits civiques. Fils d’esclaves, Du Bois s’est évertué à casser les codes qui à l’époque peignaient les hommes de race noire comme des êtres inférieurs. Il a démontré dans son œuvre toute la splendeur de la richesse intellectuelle et culturelle dont pouvait faire montre les hommes noirs.

C’est dans cet allant que s’inscrit Romeo Mivekannin à notre époque. Romeo nous dresse sur des toiles 31 portraits de personnalités noires issues de la politique ou de l’univers de la culture qui, de par leur action, valorisent, défendent ou font la promotion de la communauté noire. Malcolm X, Aimé Césaire, Kwame Nkrumah, Wole Soyinka, Michelle Obama, Beyonce, Ray Charles, pour ne citer que ceux-là. La Côte d’Ivoire est bien représentée parmi ces toiles avec l’illustre écrivain Ahmadou Kourouma.

 

Sur chacune de ces toiles, on retrouve des passages poignants de l’oeuvre “The Souls Of Black Folk” de W.E.B Du Bois. C’est une façon pour Romeo d’exhumer le passé pour le remettre à la surface, invoquer et faire gronder les “Âmes du peuple noir”

“Aujourd’hui, les “dominants” ont pris conscience qu’il fallait discuter de la question. Si nous sommes en quelque sorte les héritiers de l’histoire et que nous sommes devenus acteurs, nous sommes obligés de nous réapproprier l’histoire et la meilleure manière de se réapproprier l’histoire, c’est d’en parler”.

Romeo a aussi évoqué en aparté les bavures policières et autres exactions à connotation raciste dont a été victime des membres de la communauté noire à travers le monde ces derniers mois.

“Aujourd’hui, on en parle, mais il y a 50 ans on en parlait pas. C’est un travail de tous les jours. Avec la volonté de tout un chacun, avec cette jeunesse africaine, il n’y a pas de raison qu’on y arrive pas. Nous sommes obligés d’y mettre fin.”

 

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