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Geneviève Tégbo Wannée : « J’ai survécu »

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IREN6198Figure de proue de la télévision ivoirienne, artiste-peintre, Geneviève Tégbo Wannée, plus connue sous le nom de tantie Wannée, vient de sortir un ouvrage intitulé ” VIVRE AVEC COMME SI DE RIEN N’ÉTAIT ”. Elle y raconte comment elle a vécu et vaincu le cancer du sein. Elle a accepté de nous livrer son témoignage en quelques lignes en guise de sensibilisation et de message d’espoir à toutes les femmes.

La mauvaise nouvelle

Vous goûtez les joies d’une retraite bien méritée, vous consacrant à vos grandes passions que sont la peinture et l’écriture. Un matin, une gêne sur le sein gauche. Vous décidez de prendre rendez-vous avec votre médecin traitant qui, après consultation ne constate rien d’anormal à la palpation des seins. Par acquis de conscience vous faites votre contrôle  de dépistage annuel. En toute confiance, car pour vous, il ne s’agit que d’un énième contrôle de routine. On vous fait une mammographie, puis de nouveau on refait les radios. Vous attendez les résultats le cœur battant. C’est alors qu’on vous invite à faire une échographie. Votre cœur bat la chamade, c’est l’angoisse totale. Au bout d’un temps qui vous semble interminable, arrive le Radiologue qui vous annonce avoir observé une tache sur la radio du sein droit (alors que c’est le sein gauche qui vous inquiétait). Il vous rassure. Il se peut, dit-il, que ce soit un simple kyste, et souhaite des examens complémentaires. Les jours qui suivent une biopsie est faite pour analyser des fragments. Vous avez à peine le temps de vous ‘retourner ‘ que les rendez-vous pour différents examens sont pris par le corps médical. Plus le temps d’attendre. L’annonce finale du résultat sera transmise à votre médecin traitant. Arrive le jour où vous vous retrouvez assise en face de lui .Va t il vous rassurez ou vous annoncez un résultat qui bouleversera votre vie. Hélas, hélas hélas….” les nouvelles ne sont pas bonnes Mme WG…VOUS AVEZ…UN CANCER ”! Ce mot est si fort que vous restez clouée sur votre chaise sans voix, sans réactions ; complétement anéantie. Vos larmes coulent, incontrôlables…Comment parvenir à prendre conscience de cette terrible condamnation? Vous allez mourir! Comme bon nombre des vôtres .Vous n’avez pas échappée à la loi des séries. Votre vie semble vous glisser entre les doigts. Les mots s’étranglent dans votre gorge. Vous n’avez plus qu’une seule envie….vous retrouvez seule. Seule avec votre malheur.

L’annonce à mes proches

Le plus dur est de devoir annoncer soi-même la mauvaise nouvelles à ses proches. Comment trouver la force quand on sait ce que sera le choc d’une telle annonce? Comment annoncer d’une voix posée ces quelques mots…” J’ai un cancer ! Je vais peut-être mourir, mais ne vous inquiétez pas, je vais lutter de toutes mes forces. Ces paroles sont dévastatrices. Que de larmes versées! Vous avez néanmoins la certitude que les vôtres seront à vos côtés dans cette lutte. Vous décidez, d’un sursaut d’orgueil de ne plus l’appeler CANCER, mais, ce sera désormais L’INTRUS ! Il vous faudra au fil des mois, lutter de toutes vos forces contre cet intrus qui veut ravir votre vie. C’est un combat solitaire qui s’engage entre vous et lui .Il vous faut être forte, très forte dans ‘votre tête ‘, très forte.

Vue, vécue, vaincue

Comment vous décrire toute cette période? Le souvenir en est encore très douloureux. On vous installe un boitier sous la peau, relié à un cathéter (un fin tuyau souple) lui-même implanté  dans une veine de gros calibre. Cette chambre implantable servira à faire la chimio. Les médicaments pouvant abimer les veines du fait de leurs sollicitations répétées. Il faut que votre Être accepte ce corps étranger avec lequel vous allez devoir vivre durant plusieurs années. Puis, c’est la première séance de chimiothérapie, la seconde, la troisième etc…..six au total. Vous recevez dans vos veines des produits qui vous rendent malade, pour pouvoir vous soigner. Quel paradoxe! De longues journées, semaines, mois pendant lesquels vos cellules bonnes et mauvaises sont détruites. Plus d’immunité, plus de force. Des jours et des jours à subir le rythme des effets secondaires. Impuissante….Vous êtes à l’écoute de toutes les méthodes possibles et imaginables qui puissent  atténuer la douleur des effets secondaires. Vous passez du ‘ coupeur de feu’, à la consommation d’aloès vera arborescent, de curcuma à profusion sans oublier les feuilles de corossol en tisane, et j’en passe. Tout ce qui est susceptible de vous aider à combattre est utilisé. Puis vient la période de la radiothérapie, 10 à 15mn 6 jours sur 7 pendant quelques semaines. Le traitement par rayon est destiné à éviter les récidives. Vous vous retrouvez au bout du parcours avec un sein brûlé par les rayons, mais, c’est pour votre bien ! Et enfin, un matin, c’est terminé. 6 mois de traitement qui vous semblent avoir durée une éternité ! Que de fois n’ai-je eu envie de baisser les bras et de tout abandonner à bout de force! Il y avait toujours cette petite voix qui me chuchotait  ” Ne lâche rien, tu vas y arriver. Accroche toi ”. Cela n’a pas été facile, mais j’ai réussi à aller jusqu’au bout grâce à Dieu et la volonté de m’en sortir. Le moral joue un rôle déterminant pour lutter contre cet intrus.a

Ce qu’il faut retenir

Au bout du parcours il me semblait tout naturel de rendre ce témoignage  à travers des écrits afin que les femmes réalisent à quel point le dépistage précoce peut sauver leur vie. Sur 100 mammographies de dépistages, 95 ne montreront aucune anomalie dans les seins. Le cancer du sein est la 1ere cause de mortalité chez les femmes dans le monde. En Côte d’Ivoire près de 1250 femmes meurent chaque année sur les 2250 cas diagnostiqués. C’est un réel problème de santé publique. Malheureusement, chez nous, 70% des cancers sont découverts à un stade tardif, avec un faible taux de survie. Seul le dépistage précoce est un gage de guérison. Si, à travers mon livre ” VIVRE AVEC COMME SI DE RIEN N’ÉTAIT ”, les femmes peuvent prendre  conscience de la nécessite de se faire dépister régulièrement, alors mon combat n’aura pas été vain! Je terminerai en vous disant : «Chaque blessure laisse une trace. Chaque trace laisse une cicatrice. Chaque cicatrice raconte une histoire. Une histoire qui dit  ”J’ai survécu!”  Ensemble, en informant nous vaincrons l’INTRUS »

 

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