[LIFE 157] Abou Nidal: “Je veux éradiquer l’école buissonnière”
Le 157e numéro de Life Magazine est à présent disponible en kiosques et dans tous les points de vente. Retrouvez dans ce numéro l’interview exclusif d’Abou Nidal.
« JE VEUX ÉRADIQUER L’ÉCOLE BUISSONNIÈRE »
Après le ‘‘travaillement’’ et le boucan connu il y a quelques années, grâce aux faiseurs de coupé-décalé, nombreux sont ces précurseurs-là qui pensent aujourd’hui à leur reconversion. Parmi eux s’illustre parfaitement Abou Nidal qui, depuis quelques années, s’investit dans l’éducation à travers ‘’Le Wara Tour’’.
Autrefois, très engagé dans le coupé-décalé, aujourd’hui, Abou Nidal se présente sous une autre facette. Qu’est-ce qui a véritablement changé chez l’artiste ?
Beaucoup de choses ont changé parce qu’aujourd’hui, il y a la maturité. Beaucoup de choses ont aussi changé parce que nous voyons que le mouvement coupé-décalé va à la dérive. Précurseur d’un mouvement qui avait pour objectif de montrer la Côte d’Ivoire de manière positive, aujourd’hui, nous avons pris conscience qu’il fallait passer à autre chose. C’est-à-dire, encourager l’excellence en milieu scolaire à travers un concept bien ficelé qui est le ‘’Wara Tour’’.
Parle-nous donc du ‘’Wara Tour’’…
Ma musique, c’est-à-dire le coupé-décalé est consommé à 80% par la jeunesse. Et donc, avec l’avènement des nouvelles technologies, ces jeunes-là sont de plus en plus exposés. A ces jeunes-là, nous disons qu’en tant que leur vitrine, nous leur demandons d’aller à l’école, car l’école est la base et la formation pour réussir sa vie. Être leader d’opinion, c’est aussi avoir la tâche exaltante d’éduquer toute une jeunesse.
Peux-tu nous faire un bref résumé de ta tournée à l’intérieur du pays ?
La tournée a effectivement débuté dans le département de Korhogo avec la pose de la première pierre de l’école de la Fondation Abou Nidal. C’est une grande première depuis l’avènement du coupé-décalé. Nous nous en félicitons parce que les populations ont très bien accueilli cet acte. Ensuite, nous sommes allés au contact des populations de Bouaké, Yamoussoukro, Man, Daloa où nous avons récompensé les meilleurs élèves. Nous avons eu à sillonner une dizaine de villes dans le cadre du ‘’Wara Tour’’. L’un des pans essentiels du ‘’Wara Tour’’ est d’œuvrer pour éradiquer l’école buissonnière et les grossesses au sein de la jeunesse. Aux jeunes filles, nous avons un concept assez évocateur qui est : « fermez les jambes, ouvrez les cahiers ».
Comment les populations ont-elles accueilli ce geste en leur faveur ?
Les retours sont plus que favorables. Les élèves, les parents d’élèves et même les enseignants étaient tous ravis de nous recevoir. Face à toutes les perturbations que connaît l’école ivoirienne, nous, à notre humble niveau, nous nous battons pour que tous les enfants aient accès à l’éducation. Je me souviens encore comment je me battais à l’école pour percevoir les bourses, initiées par le père de la nation, le président Houphouët-Boigny. C’étaient des sources de motivation pour nous autres. A travers plusieurs témoignages des jeunes récipiendaires, nous nous sommes sentis utiles, à un moment donné.
Pouvons-nous aujourd’hui affirmer que Abou Nidal marche dans les pas de ses devanciers que sont Tiken Jah et A’Salfo qui s’investissent dans le social ?
Bien sûr que nous avons des modèles ! Je reviens toujours dans mes discours sur le groupe Magic System qui a transformé Anoumambo. A travers la musique, ce groupe-là fait énormément du social et offre des écoles à la Côte d’Ivoire. Tiken Jah le fait également à travers le reggae. Et nous autres, à travers le coupé-décalé qui est un concept adulé par la jeunesse, nous voulons jouer notre partition. Nous devons être des modèles pour cette jeunesse. Moi, j’ai été cireur de chaussures, mécanicien Caterpillar, coiffeur aux Etats-Unis et aujourd’hui, artiste-chanteur. Juste pour relever le fait que j’ai eu un parcours et que tout ne m’est pas tombé du ciel.
Extrait du Life 157 disponible en kiosques.