France : Elisabeth Moreno, la nouvelle Ministre déléguée chargée de l’égalité femmes-hommes
Issue du milieu de la tech, Élisabeth Moreno est peu connue du grand public. Originaire du Cap-Vert, elle a été nommée ce 6 juillet à la tête du ministère français de l’Égalité femmes-hommes.
Élisabeth Moreno se rêvait avocate, mais c’est dans la tech qu’elle a finalement fait carrière. Dans une autre vie, elle aurait aussi pu être médecin. Elle a été nommée ce lundi à la tête du ministère français de l’Égalité femmes-hommes, où elle remplace Marlène Schiappa.
Dell, Lenovo, et enfin HP, où elle occupe le poste de directrice-générale Afrique depuis janvier 2019 : bientôt quinquagénaire, Élisabeth Moreno évolue dans le milieu de la tech depuis des années. Son entrée dans le monde des affaires a débuté avec la création d’une entreprise familiale dans le BTP, alors qu’elle n’avait qu’une vingtaine d’années.
Deux univers « très masculins », dit souvent la nouvelle ministre, qui endosse volontiers son image de « role model » et milite pour la mixité et l’égalité professionnelle dans les domaines de la science et de la technologie. « Dans la première grande entreprise à laquelle j’ai été présentée, les gens m’accueillaient en me disant : « tiens, vous êtes la nouvelle secrétaire de notre président ? » « Non, je suis votre nouvelle patronne », aime-t-elle à raconter.
Fille du Cap-Vert
Née au Cap-Vert en 1970, arrivée en France six ans plus tard, Élisabeth Moreno est élevée par ses parents – illettrés – dans un quartier populaire de Belleville, au nord de Paris. « Si on m’avait dit un jour, de mon petit Cap-Vert natal, que j’aurais la situation professionnelle que j’ai aujourd’hui et que j’aurais la chance d’inspirer les autres… je n’y aurais pas cru », déclarait-elle en 2018 à La Tribune. Une expérience de « fille d’immigrés » qui l’aura amenée à « développer un grand sens d’adaptation et une résistance aux défis ».
Élisabeth Moreno a conservé des liens avec le Cap-Vert. Elle fonde en 2005 le Cabo verde Business Club, visant à établir des ponts entre des entreprises françaises et cap-verdiennes, puis la Casa Cabo verde, dont l’objectif est de « développer et renforcer les relations et les échanges de toute nature entre la France et le Cap Vert. » « La sodade est là en permanence. Et chacun tente d’apporter à sa manière, sa contribution pour entretenir ses meilleurs souvenirs », commente-t-elle.
Une image soignée
Si elle a construit sa carrière loin de son pays d’origine, ses expériences professionnelles l’ont menée par deux fois sur le continent : au Maroc d’abord, pour Dell, puis en Afrique du Sud pour HP, où elle emménage en septembre 2019. Habituée des réseaux interprofessionnels et des tables rondes, elle aime à citer Nelson Mandela et se définit elle-même comme « déterminée, résiliente et tenace ».
Outre la mixité professionnelle, Élisabeth Moreno s’est engagée en faveur de l’éducation des enfants, de l’auto-entrepreneuriat, du développement du continent africain au travers des technologies ou du développement durable. Elle a également été nommée juge consulaire au tribunal de commerce de Bobigny. Une image et une communication soigneusement entretenues, mais écornées par une interview exhumée sur les réseaux sociaux peu après l’annonce de sa nomination.
« Les blagues à la machine à café sont très importantes, car il ne faut pas qu’on se sente verrouillé et qu’on ne puisse plus s’exprimer. Je ne veux pas d’un climat de défiance où le sexisme met tout le monde mal à l’aise et où chacun mesure constamment chaque mot qu’il utilise », affirme-t-elle dans un entretien accordé à Ionis Mag en juin 2018. Un discours qui contentait sans doute dans le milieu de l’entreprise, mais qui fait aujourd’hui grincer des dents dans les réseaux féministes français.
Source : Jeune Afrique