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Dj Arafat, un titre, une histoire: le contexte et la réelle signification de ses chansons

ARAFAT

ARAFAT

Le 12 Août dernier, un baobab est tombé. Dj Arafat, le roi du coupé-décalé s’en est allé suite à un accident de moto. Il laisse derrière lui un héritage musical impérissable.

Depuis son accession au pouvoir du Coupé-décalé, il aura régné en maître contre vents et marrées sur ce genre musical jusqu’au jour de son départ de la terre des hommes. Nous vous replongeons dans sa discographie afin de contextualiser certaines de ses productions musicales. Sa carrière était au final un roman, chaque chanson était un chapitre. Voici les titres les plus évocateurs.

SES TITRES À HISTOIRE 

Hommage à Dj Jonathan

C’est avec ce titre que Dj Arafat s’est révélé au grand public. Ce titre est si énigmatique… À travers cette chanson qui sonne l’éclosion d’une nouvelle étoile de la musique ivoirienne, Arafat rend un hommage à son collègue Dj décédé suite à un accident de moto. Le clip est encore plus lourd de sens. On aperçoit dès l’entame Dj Arafat arriver sur une moto. Il conduit Douk Saga, le créateur du Coupé-décalé. Tellement d’indices importants en relation avec la suite de sa carrière… Comme un passage de témoin, après Douk Saga, Dj Arafat est devenu le plus influent du mouvement coupé-décalé. Parallèlement à Jonathan, c’est aussi suite à un accident de moto qu’il s’en est allé.

« Kpangor » feat Debordo Leekunfa

Avec Debordo Leekunfa, Dj Arafat a révolutionné la musique ivoirienne et plus singulièrement le coupé-décalé. Ils ont transposé les ambiances de platines de disc-jockey en tubes, un risque finalement payant. Ce titre devient vite un classique indémodable. C’est aussi une trace de l’amour profond partagé entre ces deux potes qui au fil du temps, avec les années, ont montré une image de belligérance sur les réseaux sociaux, juste pour le buzz, juste pour la dynamique du showbiz, mais en coulisses, c’était tout le contraire.

« Kpangor », « Lebede », « Zoropoto », « Aregueder », « Kpankaka », « Chebeler », « Tapis Vélo », « Kpadoompo »,…

La technique infaillible de Dj Arafat durant sa carrière était de lancer des tubes concept accompagnés de pas de danse que tout le monde adoptait facilement. C’était lui le baromètre, c’était lui le créateur de tendances. Tellement influent que d’autres collègues du coupé-décalé n’hésitait pas à faire des remix de ses tubes tout en reprenant ses concepts.

« Touchin body » feat J. martins, « Naughty » feat Davido

Si Abidjan est la plaque tournante de la musique africaine, l’industrie leader et la plus prolifique est bien celle du Nigeria. Et Dj Arafat est l’un des rares francophones et pratiquement le seul ivoirien dont la musique a été réellement adoptée par ce marché très exigeant. Ses collaborations avec J Martins et Davido ont permis de créer un pont entre ces deux hémisphères musicaux de l’Afrique de l’Ouest.

« C’est moi »

À l’époque où Arafat sortait le titre « C’est moi », il avait pour surnom « Termistocle » en référence à Thémistocle, homme d’Etat historique chef de guerre stratège grec. Comme Thémistocle, Arafat est issu d’une famille modeste. À force de courage, de travail, de persévérance et d’ingéniosité, il est arrivé au sommet. Derrière ce titre « C’est moi » sorti en 2015, Arafat revendique de manière subtile le trône du Coupé-décalé en mettant au défi ceux qui auraient des velléités de contester son règne. “100 ans de chanson dans mon corps” lâche-t-il au début. Lorsqu’on regarde le clip, on le voit bien sur certains clichés assis sur un trône habillé tel un roi traditionnel africain. En Afrique, on est Roi à vie !

« Je gagne temps »

Avec ce titre, Dj Arafat a montré une autre facette de son talent, pouvoir évoluer avec d’autres styles musicaux comme le Reggae. Si son style paraissait aux antipodes de la musique chère à Bob Marley, Dj Arafat a encore montré une fois son potentiel en réussissant avec brio à poser sa voix sur du reggae.

« Agbangnan »

Son titre « Agbangnan » renvoie à son attachement pour la culture ivoirienne, plus singulièrement celle du peuple Atchan, les autochtones d’Abidjan. Il a passé une partie de son enfance dans le village de Blockhauss à Cocody, où chaque année se font des fêtes de générations. Passionné de musique, Arafat s’est vite laissé séduire. Il maîtrise à la perfection les instruments, le rythme et les chants. Il l’a magnifiquement transposé avec cette chanson.

« Pour les potos » feat Ariel Sheney

Un gros délire entre Arafat et son « fils » Ariel Sheney au studio qui se transforme en hit. À la base, Arafat, de plus en plus attiré par le rap se lançait dans un freestyle avec Ariel Sheney. Cette petite incursion réussie en improvisation va pousser la star à sortir un son. D’ailleurs, cette collaboration entre Arafat et son poulain était attendue comme jamais. Kiff No Beat, considéré comme le meilleur groupe de l’histoire du rap ivoirien, en soutien, a même participé au clip de cette chanson. Le vrai point de départ et d’affirmation de la “Trap décalé”.

« Je veux réaliser »

Ce titre est très expressif. Dj Arafat émet un vœu. « Je veux réaliser »… Avec toute sa carrière faste, Arafat n’a réellement pas eu la lucidité et le temps pour penser et cerner le côté « biz » du « show ». La mise sur pied d’un vrai label fort et incontournable par exemple,… La Yorogang n’était pas encore au niveau qu’il espérait. « Il y a des projets, il faut persévérer, il faut batailler, il ne faut jamais baisser les bras… Moi je veux beaucoup d’argent pour aider ma famille… ». Il prend conscience du manque à combler, il veut réaliser,… C’est ce message qu’il partage implicitement avec ses mélomanes qui se retrouvent chacun dans la chanson.

« Enfant béni »

Arafat atteint un carrefour de sa carrière. Après plus de 15 ans au sommet, la concurrence se fait de plus en plus en rude. Certains amis et alliés d’hier lui tournent le dos… Le départ d’Ariel Sheney, le départ d’Abib Marouane son manager, le départ de son danseur de longue lutte BB Sans Os, l’affaire Nahi,… Face à ces défaites qui s’accumulent et lui rendent la vie dure, Arafat garde confiance et espoir, continue d’avancer, sa marque de fabrique. Enfant béni de Dieu, « soyez forts, soyez toujours forts, il ne faut jamais baisser les bras », lance-t-il dans son texte où il retrace son parcours depuis la rue au sommet du Coupé-décalé. Le clip de cette chanson a été tourné au Stade Félix Houphouët Boigny, lieu où il a toujours rêvé de faire un géant concert.

« L’album Renaissance »

« Là où on pense que je suis mort, c’est là que je renais », nous confiait-il en interview avant la sortie de son album qu’il a choisi de dénommer Renaissance… Tel un phénix qui renaît de ses cendres, Dj Arafat après sa signature dans la major Universal Music va sortir cet album avec la foi d’obtenir un disque d’or, le premier de l’histoire du Coupé-décalé. Un autre échec qui va être pris pour ses détracteurs comme la manifestation indiscutable de son déclin.

« Moto Moto »

En attendant inexorablement son fameux disque d’or qui peine à arriver, Arafat assiste à la montée en puissance de ses collègues artistes. Se revendiquant d’être toujours le numéro un, Dj Arafat va marquer l’histoire de la musique ivoirienne en sortant un tube qui réalisera sur sa chaîne YouTube le million de vues en moins de 24 heures ! Il va ensuite se lancer dans une série de spectacles intitulée « Moto Moto tour » à travers les communes d’Abidjan. Au-delà du fait qu’il accordera une touche caritative au projet en offrant 20% des revenus du tour aux orphelinats, Arafat soutenait que cette tournée était faite aussi pour sensibiliser la population au port du casque à moto. Il n’aura fait que deux étapes, Angré et Treichville, avant de décéder tragiquement suite à un accident de moto.

Extrait du LIFE 155

Rolyvan

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