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Mystère d’un soir: Le mendiant de mon quartier m’a puni !

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Mystère, mystère, mystère,… Il nous arrive des fois de vivre des expériences étranges, insolites, paranormales, des situations de vie qui dépassent l’entendement de la logique, que la science ne peut expliquer,…

Cette “mésaventure” d’Ibrahim C. en est une. Voici son histoire !

Je suis issu d’une famille nombreuse de 9 enfants. Nous vivons dans la commune d’Abobo, plus précisément dans le quartier de Bocabo. J’ai stoppé les études au primaire en classe de CM2 contre mon gré. Mes parents n’avaient pas d’argent pour nous inscrire tous à l’école et assurer les frais qui vont avec. Ceux qui ramenaient de mauvaises notes ou qui redoublaient leur donnaient l’occasion d’arrêter. “Tu seras peut-être plus importante si tu aidais ta mère dans son petit commerce de beignets au marché”, a lâché mon père à notre aînée qui a échoué au BEPC. Elle était pourtant brillante en classe. Mais la liste de fournitures et les frais annexes liés à la scolarisation épuisaient les poches déjà trouées de mon père. Le 2e de la famille a à peine démarré le CE1 avant d’être vite réorienté vers les petits métiers de la rue. Moi le 3e, je n’étais quand même pas mal en classe mais après mon échec au CEPE, j’ai dû comme eux abandonner les cours et me lancer dans la rue très tôt. Je devais avoir 14 ans; eh oui, on n’était pas aussi précoce que vous hein !

À la maison, on faisait ce qu’on appelle dans le jargon ivoirien “la mort subite”. On prenait tous un seul repas en famille à une heure fixe, 19h00 ! Gare à celui qui s’absente ou qui arrive en retard. Ça fait une bouche de moins et une cuillerée de plus dans le ventre de chacun.

Je m’y accommodais tant bien que mal. Durant la journée, il fallait trouver quelque chose pour s’occuper et avoir quelques jetons sur soi pour s’offrir le luxe d’un déjeuner. Avec le vice, j’ai développé de petites méthodes pas très catholiques avec mes amis, comme voler des poissons de plus au garbadrome (espace de restauration abidjanais où on sert de l’attiéké et du poisson thon frit). Je ne citerai pas toutes mes mauvaises habitudes délictuelles quotidiennes pour avoir de l’argent facilement, mais je m’attarderai sur l’une d’elles, mon “péché mignon”. Je me permettais de piocher impunément de l’argent dans la corbeille d’un mendiant aveugle au grand carrefour. Je plongeais ma main dans la corbeille comme si je laissais des pièces. Ce que ma poignée soulevait était à moi. Le vieillard me bénissait en plus. Ni vu ni connu, je me le disais. Pendant plus d’un mois, c’était ma routine. Un bon jour, je suis passé récupérer ma “quête”. Dès que je me suis retourné, j’ai entendu une voix de vieil homme dire en patois dioula et avec des échos: “Sabari, kana kè bi” (Ne le fais pas, s’il te plaît). Je me retourne vers le mendiant, impassible, il n’a pourtant pas ouvert la bouche. La voix s’effrite doucement comme si elle attend ma réaction. Puis, silence… Je me dis que la faim me joue un faux tour à l’esprit. Je m’éloigne du vieux. Je l’entends me bénir et réciter des sourates.

Après une bonne journée, je rentre à la maison. Pendant la nuit, il n’y avait bizarrement pas de moustiques. Je n’ai entendu qu’un seul vers le lever du jour. Celui-ci était tellement insistant qu’il m’est rentré dans l’œil. Je me frotte les yeux pour le dégager. Dès que je les ouvre je suis plongé dans un noir profond. L’aube avait disparu. Je suis dans un trou noir. Je tente de me lever du lit. Je ne vois rien. Je réveille mes frères qui allument l’ampoule du salon où on était tous entassé. Je ne vois toujours rien. Maman, papa, tout le monde est debout, je ne vois plus clair.

Le monde s’écroule, j’ai perdu la vue, si facilement, je suis devenu aveugle… comme le mendiant du carrefour…

J’ai fait plusieurs tours à l’hôpital, les docteurs ne trouvaient rien. Jusqu’à ce que mes parents décident de passer  à la médecine traditionnelle. Les tradi-praticiens ont trouvé une force occulte au-dessus de mon mal mais ne pouvaient pas le guérir. Seule la personne qui m’a lancé le sort pouvait le faire.

Après maintes réflexions, j’ai confié à mes parents ce que je faisais pendant plusieurs semaines au vieux mendiant aveugle. Ils ont entrepris de le retrouver pour régler la situation. Mais le vieux avait changé d’endroit. Mes frères ont mené plusieurs enquêtes très actives pour le retrouver en vain. Je suis cloué à la maison, poids supplémentaire pour la famille. J’ai même à un moment voulu me retrouver dans une autre commune… pour mendier. J’y pense encore, toujours, mais je n’en ai pas le courage. Ça fait maintenant plus de 10 ans que je vis dans le noir, dans l’espoir, qu’un soir, je pourrai voir, comme autrefois…

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